LE TOURNAGE D’APOCALYPSE NOW

Voyages au bout de l'enfer

PAR FRANÇOIS FORESTIER

C'est la " longue marche " de Coppola : 238 jours de tournage, 250 heures de pellicule, un budget initial de 17 millions de dollars passé à 30, un typhon, deux ou trois rébellions, des accès de fièvre, des flots d'alcool et un vent de folie. Vingt ans après, de cette entreprise insensée que fut le tournage d'" Apocalypse Now ", il reste un chef-d'œuvre boiteux, et une armée de naufragés

Vingt ans plus tard, le film est avalé par sa légende. Il reste un chef-d'œuvre boiteux, fascinant. Il reste des naufragés : Brando n'a plus jamais tourné de bon film. Martin Sheen est devenu un acteur de série B. John Milius s'est reconverti dans la réalisation, sans conviction.

Francis Ford Coppola, ainsi, a appris que le génie n'excusait pas la grossièreté, l'inspiration la mégalomanie et que, somme toute, il était un enfant gâté. L'idée ne lui en était pas venue jusqu'alors. Couvert de récompenses, riche à millions (de dollars), scénariste de talent, producteur prêt à tout et réalisateur doué, il était persuadé que l'univers lui appartenait, petits oiseaux, fontaines de miel et parkings compris.

C'était préjuger des événements : se comporter en Gengis Khan dans un siècle de banquiers comporte des risques. Francis Ford Coppola (dont le second prénom provient du programme radio " Ford Hour ", sponsorisé par le fabricant de voitures) voulait tout, oui, tout. Et puis il fit " Apocalypse Now ". En 1975, Coppola est au sommet du monde. Personne, sauf Orson Welles, n'a atteint pareille réussite. Il a bouclé son rêve : avoir du succès, être reconnu comme auteur, rafler les oscars. Le fils du flûtiste de l'orchestre de Toscanini, le gamin cloué par la polio à l'âge de 12 ans, l'immigré de deuxième génération est devenu le cinéaste le plus respecté du monde. " Le succès m'est monté à la tête comme un parfum capiteux ", dit-il. " Le Parrain ", " Conversation secrète ", " le Parrain II "... Quel triomphe ! Coppola a 35 ans.

Parmi ses projets alors, il a une ambition : réaliser une adaptation des " Souffrances du jeune Werther " et produire un scénario bizarre de John Milius, " Apocalypse Now ". Milius est un personnage : il affirme ne pouvoir commencer une journée sans " faire couler le sang " et, en conséquence, tire du gibier quotidiennement. Auteur de " Jeremiah Johnson " et de " l'Inspecteur Harry ", il est un scénariste réputé. Vêtu d'un treillis, barbu, bougon, il peint des maquettes de tanks entre deux plans, sur les plateaux. Il a écrit " Apocalypse Now " en s'inspirant d'un bref roman de Joseph Conrad, " Au coeur des ténèbres ". Coppola accepte de produire le film, pour son ami George Lucas. Mais celui-ci a un autre projet : un petit machin de science-fiction intitulé " Star Wars ".

Coppola soupèse le script, et se lance. Il fera lui-même " Apocalypse Now ". La descente aux enfers commence. Dès le départ, Coppola fixe une règle de conduite : il produira le film sans l'aide des studios, qui lui ont pourri la vie sur le tournage des deux " Parrain ". Il commence par vendre les droits internationaux du film (non encore tourné) pour 7 millions de dollars. Mais pour collecter cet argent, il lui faut des stars. Il contacte Steve McQueen. Qui refuse. Jack Nicholson ? Bof. Robert Redford : celui-ci est évasif. Al Pacino résume : " Je sais à quoi ça va ressembler. Je vais passer des mois les pieds dans l'eau, dans un marais, pendant que tu seras là-haut, dans un hélico. " Marlon Brando ? Négatif.

Furieux, Coppola s'enferme dans son bureau, et balance tous ses oscars par la fenêtre. Il relit le scénario, et s'aperçoit que Milius l'a écrit en 1969, en pleine offensive du Têt, la plus sanglante de la guerre du Vietnam. Or nous sommes sept ans plus tard. Les Américains sont rentrés chez eux. Ils ont perdu la guerre. La honte. Cinquante mille morts américains, et autant de suicidés. Une catastrophe. Il faut réécrire. Aux gens qui lui demandent : " A quoi va ressembler le film ? ", il répond : " A un opéra psychédélique. "

En désespoir de cause, il engage Harvey Keitel pour le rôle principal, celui du capitaine Willard, et Robert Duvall pour celui du colonel Kilgore. Il téléphone, retéléphone à Brando, qui lui doit la renaissance de sa carrière : celui-ci, finalement, accepte. Mais les conditions sont draconiennes : 1 million de dollars par semaine, et 11 % des recettes. Le budget du film est de 17 millions de dollars. Brando impose des pénalités drastiques pour chaque jour, chaque heure de retard. Le scénario exige qu'il soit mince (le héros, à la fin, est censé être blessé, exsangue et dévoré par la vermine). Il promet.

Coppola, rassuré, appelle Roger Corman, son ex-employeur, et lui demande conseil. Corman tourne fréquemment aux Philippines. " Ne va pas là-bas, répond Corman. C'est le début de la saison des pluies, qui dure de mai à novembre. Tu vas t'enliser. " Coppola répond : " C'est un film sur l'enlisement ", et part.

Entre-temps, à Hollywood, la donne a changé. Spielberg fait du cinéma commercial, Scorsese rame, Lucas vise le grand public, qui reste-t-il de la nouvelle vague de la fin des années 60 ? Coppola. Il se sent investi d'une mission. Le 1er mars 1976, il s'envole pour les Philippines. Prévision : quatorze semaines de tournage. Dès l'arrivée, les problèmes pleuvent : les lignes aériennes philippines ne sont pas aux standards américains. Coppola, qui s'imaginait (comme tous les Américains) que le reste du monde fonctionne comme aux Etats-Unis, est stupéfait.

Pas question de prendre des avions comme on prend des taxis. Les lieux de tournage, dans la jungle, sont dangereux : montagnes, terrains accidentés, mauvais déboisages. Très vite, une partie de l'équipe technique doit se déplacer en barge. Les manoeuvres philippins portent des numéros sur leurs tee-shirts. Un cameraman se renseigne : " C'est pour les identifier s'ils se noient. " L'ambiance descend d'un cran. Le premier assistant, qui mesure très vite l'ampleur de la tâche, démissionne (c'est comme si Leclerc rentrait chez lui en pleine bataille de France. Le premier assistant est un général). Les techniciens italiens (l'équipe photo) prennent du retard tout de suite. Ils sont virés. Coppola réclame un expert. Il engage le premier assistant de David Lean, un réalisateur qu'il apprécie énormément. L'Anglais, qui a travaillé sur " le Pont de la rivière Kwaï ", doit pouvoir reprendre tout en main, pense Coppola. Certes. Mais quand le gars arrive, on constate qu'il est trop vieux. La rivière Kwaï, c'était en 1957.

Les Philippines ne ressemblent pas au Vietnam. Il faut donc faire des repérages précis. En revanche, les GI ont littéralement colonisé Manille où, pendant la guerre du Vietnam, c'était la fête : il y a donc du matériel de guerre (pourri, mais utilisable), des boîtes de rock, des putes, de la drogue à gogo. Juste au-dessous des bureaux de production d'" Apocalypse Now ", il y a un " institut de massage ". C'est là que le film s'élabore (souvent), entre les mains des " masseuses ". Coppola, lui, a pété les plombs : il importe du vin de France, distribue des bouteilles de Neibaum-Coppola (son propre vin de la Napa Valley), des verres en cristal de Lalique, de l'équipement stéréo, des casseroles en cuivre, des chaussures italiennes. Pour son anniversaire, il invite 300 personnes et fait venir un gâteau de 2 mètres sur 3 de San Francisco, avec des hamburgers et des hot dogs. La bouffe, ce soir-là, coûte 8 000 dollars.

Le budget enfle, le tournage continue. La troisième semaine arrive : excédé par les hésitations introspectives de son interprète, Harvey Keitel (le genre d'acteur qui demande : " Pourquoi cette salière est-elle sur la table ? "), il le vire. Il faut recommencer avec un autre comédien, Martin Sheen, rencontré par hasard à l'aéroport de Los Angeles.

En attendant, le cinéaste ordonne qu'on construise une piscine derrière la maison qu'il loue. Les ouvriers philippins la creusent à mains nues. L'épouse de Coppola, Eleanor, commence à tenir un journal. Elle le publiera plus tard, avec des notations inoubliables. Il fait si chaud, écrit-elle, que son rouge à lèvres fond dans le sac. Elle observe aussi que son mari est au pic d'une crise de mégalomanie, qu'il traite les gens comme des esclaves. De plus, la situation politique, aux Philippines, est lourde : les aéroports sont fermés la nuit, de peur d'une attaque terroriste, sur ordre du président Marcos.

Un jour, Coppola exige de décoller au crépuscule. Son pilote refuse. Coppola braille. Le pilote : " C'est votre avion. Pilotez-le vous-même. " Coppola trépigne. Les caisses de la production se vident. Alors que le cinéaste se fait expédier régulièrement des spaghettis d'Italie, il ne paie plus les petites mains. L'équipe se rebelle. On tourne quand même, le 15 mai, la séquence d'attaque aérienne menée par les hélicos de Robert Duvall (" I love the smell of napalm in the morning "), avec 5 000 litres d'essence pour simuler un bombardement au napalm. Dans la jungle, il n'y a plus moyen de prendre de bain, de boire du lait ou, simplement, de fumer une cigarette. Tout manque. Ellie Coppola se fait du souci : comment envoyer les enfants à l'école ?

Comme prévu, pour couronner le tout, un typhon, Olga, détruit le décor et le matériel : un mètre d'eau tombe en six jours. Coût des dégâts : 1 300 000 dollars. Toute l'équipe repart aux Etats-Unis. Ceux qui restent n'ont plus d'électricité, plus de toit, plus d'eau potable. Et, pis que tout, plus de vodka, qui sert à désinfecter l'eau et les plaies, et à calmer les esprits. Le cinéaste, lui, s'installe dans la petite ville d'Olongapo. Marcos lui propose son aide, et fournit 15 hélicoptères (l'armée philippine en a 24).

On rebâtit les décors. Coppola reconstruit sa confiance ébranlée grâce, dit-on, aux petits soins d'une actrice compréhensive. Puis il rentre à San Francisco, chez lui, avec 90 heures de rushes et... 8 minutes de film monté. Le budget a explosé, la plupart des techniciens sont malades, ils ont la dengue, le footica, la boostite-ortie ou, simplement, le blues. L'un d'entre eux meurt de rage. On l'enterre dans son tee-shirt " Apocalypse Now ".

Nous sommes début août 1976. Ce n'est plus un film, c'est la longue marche. Martin Sheen serre la main de tous les membres de l'équipe : il est persuadé qu'il va mourir. Coppola, pour la première fois de sa vie, allume un pétard. Et le fume. Un autre typhon arrive : il se nomme Dennis Hopper. Celui-ci, qui prend Orson Welles pour un nain et se considère comme l'artiste maudit le plus génial du siècle, a eu son heure de gloire en 1969 avec " Easy Rider ". Il dirigeait son équipe avec deux flingues chargés posés devant lui. Hopper fonctionne à l'héroïne, la cocaïne, au LSD, aux uppers, aux downers et, sûrement, à l'Aqua Velva. Sa première femme l'a quitté parce qu'il tirait des coups de Colt Peacemaker dans les murs, sa deuxième femme l'a fui au bout de huit jours en craignant pour sa vie, et Hopper est certain que ses problèmes proviennent du fait qu'il est alcoolique. Il ne boit donc plus de bière, mais continue le reste. Quand il débarque aux Philippines, dans son blue-jean crasseux et son chapeau de cow-boy, il est avec sa compagne, Catherine Millinaire, la fille de la duchesse de Bedford. On dit qu'il la maltraite. Hopper doit tourner la scène dans le camp de Brando, en pleine jungle. Il fait une chaleur effrayante. Pour se mettre dans la peau du personnage, il ne se lave pas pendant quarante jours de suite. Il pue tellement que l'équipe refuse de monter dans le bus avec lui ! Tous les matins, monsieur Hopper aura droit à son bus personnel...

Enfin, la grande scène avec Brando est prête. Les idoles en carton-pâte sont dressées. Les figurants sont là. Les cadavres jonchent le sol. On s'aperçoit qu'il y a de vrais cadavres, qui proviennent du cimetière local. Horreur. Justement, c'est le texte de Brando : " The Horror... the horror. "

Un jeune acteur, qui tourne une seule scène, est de passage : Harrison Ford. Il repart. Marlon Brando descend de l'avion. Coppola, médusé, voit un poussah. Brando n'a pas maigri, il s'est transformé en motte. Il faut, de toute urgence, réécrire le scénario. Le réalisateur et l'acteur se réunissent, inventent, boivent du Neibaum-Coppola. Brando, quand même, exige de dormir dans une barge. Il faut en amener une.

Les semaines passent, au prix de 150 000 dollars par jour. Brando, selon son habitude, arrive tous les matins sur le plateau sans connaître son texte. Coppola lui fait lire " Au coeur des ténèbres ", le livre de Conrad. L'équipe patiente. Coppola s'émiette dans la déprime.Finalement, l'acteur est prêt. On tourne. Mais plus personne ne sait - surtout pas Coppola - comment terminer le film. Il se réfugie dans les bras de l'une des Playboy Bunnies, Linda Carpenter (celle qui est costumée en cow-boy). Ellie Coppola prend assez mal la situation. Une autre des fiancées de Francis Ford, Melissa Mathison, vient le rejoindre.

Coppola organise une projection pour Ferdinand et Imelda Marcos. La soirée, en grand tralala, est glaciale. Imelda Marcos aperçoit Martin Sheen sur l'écran. Elle demande : " C'est Marlon Brando ? " En décembre 1976, tout le monde rentre aux Etats-Unis, pour Noël. Coppola traverse sa crise conjugale, et commence à réfléchir au montage final. Mais il faut tourner encore quelques scènes : le 5 mars 1977, épuisé par la chaleur et son jogging quotidien, Martin Sheen s'écroule. Crise cardiaque. On engage son frère pour le doubler. Et on garde le secret : si les banques apprennent la catastrophe, c'est la fin. Le 19 avril, Martin Sheen reprend le collier. Ouf !

Aux Etats-Unis, la presse commence à avoir vent des difficultés du film. On retitre le film : " Apocalypse Francis ". L'argent manque. Coppola, comme d'habitude, réagit en empereur romain. Il se fait prêter un avion de 80 places par un milliardaire (qui a fait sa fortune dans le commerce du fumier) et commande des steaks congelés, des gamelles de luxe, des bonnes bouteilles. Il installe un bungalow dans la gueule d'un volcan éteint. Il fume des pétards. Melissa Mathison repart. Coppola se console en se faisant expédier un chef japonais, puis est victime d'une crise de delirium. Sa femme le soutient. Il dit : " Je veux... que George Lucas... termine... mon film. " Le lendemain, il ressuscite. Le tournage se termine le 21 mai 1977. Il a duré 238 jours. Il y a 250 heures de pellicule imprimée. Le budget est passé à 30 millions de dollars. Coppola a maigri de 50 kilos. Il a gagé sa maison, son vignoble de Napa, tout, mais fait construire des tables de montage en acajou importé des Philippines chez lui, à San Francisco. Une armée de monteurs commence à travailler, avec des instructions floues (" Faites une symphonie "). L'un d'eux, Dennis Jakob, devient cinglé. Il renvoie un sac de cendres, en expliquant qu'il brûlera le reste de la pellicule s'il ne peut pas coucher avec Melissa Mathison. On le ramène à la raison.

En mai 1978, un yacht de belles dimensions arrive au Festival de Cannes. Là, Francis Ford Coppola, assis dans un fauteuil en teck, reçoit les journalistes par petits groupes, en servant son vin. Il explique qu'" Apocalypse Now " est " une oeuvre en progression ", et que le film (qui obtiendra la palme d'or ex aequo avec un nanar, " le Tambour ") n'est pas achevé. Il prend, dit-on, du lithium pour combattre sa dépression. Maman Coppola, papa Coppola et la soeur du réalisateur, Talia Shire, sont là. La tribu est au complet. Le cinéaste a coupé des scènes importantes : toute une grande partie qui se passait dans une plantation française, hors du temps, a été abandonnée. Pourtant le décor était, dit-on, exquis. Les deux acteurs qui y figuraient, Christian Marquand et Aurore Clément, sont ainsi effacés du générique. Une autre scène, où la Playboy Bunny tire les cartes de tarot, est soustraite. Une intrigue secondaire, love story entre Martin Sheen et la tireuse de cartes, est rejetée... " J'ai voulu réaliser un film dramatique et mythique à la fois, fondé sur l'ambivalence de la morale. Le film parle de la morale, de l'hypocrisie en particulier, parce que l'hypocrisie est à la base de la guerre du Vietnam. L'hypocrisie est le plus dangereux des quatre cavaliers de l'Apocalypse... ", dit Coppola. A Cannes, il regarde la mer.

Vingt ans plus tard, le film est avalé par sa légende. Il reste un chef-d'œuvre boiteux, fascinant. Il reste des naufragés : Brando n'a plus jamais tourné de bon film. Martin Sheen est devenu un acteur de série B. John Milius s'est reconverti dans la réalisation, sans conviction (" l'Aube rouge ", " Conan le Barbare "). La guerre du Vietnam a généré des centaines de films, allant des " Guerriers de l'enfer " (une merveille oubliée) à " Rambo " (une connerie). Michael Herr, l'auteur du superbe commentaire en voix off, a écrit un roman génial, " Putain de mort ", puis plus rien. Ferdinand Marcos est mort en exil. Imelda Marcos, chassée de son pays, espère se représenter un jour à l'élection présidentielle. Dennis Hopper a été retrouvé nu, au Mexique, parlant aux fils électriques, puis enfermé au cabanon des fous. Il s'est calmé. Harrison Ford a épousé Melissa Mathison, qui a signé le scénario de " Kundun ". Robert Duvall a refusé de tourner avec Coppola dans " le Parrain III ". Le dernier film de Francis Ford Coppola est une adaptation d'un best-seller de John Grisham, " l'Idéaliste ".

J'ai, chez moi, une bouteille de Neibaum-Coppola de la Napa Valley. Un jour, je l'ouvrirai.
 

François Forestier


Apocalypse Now (1979)
Réalisation : Francis Ford Coppola.
Scénario : John Milius, Francis Ford Coppola.
Photographie : Vittorio Storaro.
Musique : Carmine Coppola, les Rolling Stones, Wagner.
Production : Coppola/Omni Zoetrope.
Avec : Martin Sheen, Marlon Brando, Robert Duvall, Dennis Hopper, Harrison Ford.
 

Copyright © 1998 Le Nouvel Observateur
© 1998 Rosebud Technologies - Guide interactif


Ressources internet :