COLLAPSE - EFFONDREMENT

Interview de Michael Rupert sur l'effondrement de la civilisation industrielle moderne


Une équipe de journalistes qui effectuaient des recherches pour un film sur l'implication de la CIA dans le trafic de drogue depuis les années 80 prirent contact avec un lanceur d'alerte nommé "Michael Ruppert". Ils se sont rapidement rendu compte qu'il ne souhaitait pas parler spécialement du trafic de drogue. Il avait d'autres choses en tête. Michael Ruppert n'était plus apparu en public depuis 2006, fatigué par les continuels harcèlements juridico-policiers dont il était l'objet en raison de son activisme.

Réalisé par Chris Smith en 2009, Collapse est un film documentaire américain qui explorer les théories, les écrits et la vie de cet auteur controversé. Michael Ruppert, est un ancien officier de police de Los Angeles qui se décrit comme un journaliste d'investigation et penseur radical, est l'auteur de livres sur les événements et conséquences des attentats du 11 septembre 2001 et des questions énergétiques. Le réalisateur a interrogé Ruppert au cours de quatorze heures, dans un décor naturel qui fait penser à une salle d'interrogatoire, situé dans un entrepôt sous-terrain  abandonné de stockage de viande, près du centre-ville de Los Angeles. L'interview de Ruppert a été tourné pendant cinq jours tout au long de Mars et Avril 2009. Les cinéastes ont fait un montage de ces entretiens dont un monologue de 82 minutes entrecoupé d'images d'archives comme illustration.

Le titre Collapse fait référence à la croyance de Ruppert que l'énergie non durable et les politiques financières ont conduit à un effondrement continu de la civilisation industrielle moderne. Le film ne prend pas ouvertement un point de vue sur la validité des positions de Ruppert, et certaines analyses et critiques ont alternativement décrit le film comme support et comme critique de l'opinion de Ruppert. Smith lui-même, prenant la parole à l'avant-première au Toronto International Film Festival, a déclaré que
«ce que j'espérais révéler était ... que son obsession de l'effondrement de la civilisation industrielle a conduit à l'effondrement de sa vie. Au final, c'est une étude de caractère sur son obsession.»


Synopsis : Les Américains prennent généralement plaisir à entendre de bonnes nouvelles. Ils aiment à croire qu’un nouveau président réparera les vieilles erreurs, que l’énergie propre remplacera le pétrole sale, et que des idées nouvelles vont redresser l’économie. Les experts américains ont tendance à retenir leur pessimisme et à espérer le mieux. Mais est-ce que quelqu’un est préparé pour le pire ?

Michael Ruppert est un autre genre d’Américain. Ancien officier de police de Los Angeles devenu reporter indépendant, il a prédit la crise financière actuelle dans sa newsletter auto-éditée « From the Wilderness » (De la nature sauvage) à une époque où la plupart des analystes de Wall Street et de Washington étaient encore dans le déni.

Le réalisateur, Chris Smith, a toujours aimé les personnages d’outsiders dans des films comme « American Movie » et « American Job ». Dans « Collapse », Smith quitte la stylistique de ses films précédents en interviewant Ruppert dans un format qui rappelle le travail d’Errol Morris et de Spalding Gray.

Assis dans une salle qui ressemble à un bunker, Ruppert raconte sa carrière de penseur radical et énonce les crises qu’il voit venir. Il s’appuie sur les mêmes nouvelles de presse et données médiatiques que celles disponibles à tout utilisateur d’Internet, mais il leur applique une interprétation unique. Il est particulièrement passionné par la question du "pic pétrolier", annonciateur de la fin de l’ère pétrolière, soulevée par les scientifiques dès les années 1970…

Alors que d’autres experts débattent de cette question sur un ton mesuré, Ruppert ne se retient pas de sonner l’alarme. Il dépeint un avenir qui ressemble à de la science-fiction apocalyptique. En écoutant ce flux rapide d’opinions, le spectateur est susceptible de remettre en question cette rhétorique comme paranoïaque, ou délirante, et à ne pas savoir ce qu’il faut faire de l’extrémisme. Smith laisse le spectateur se faire son propre jugement.

 

 


Quelques critiques et réactions sur le film Collapse

sur le site mecanoblog : Critique de Martin Gignac : Qui est Michael Ruppert ? C’est un ancien flic de la région de Los Angeles et un journaliste en herbe qui prend un malin plaisir à décortiquer le monde actuel. De son propre aveu, il avait prédit la présente crise économique et il annonce maintenant quelques calamités futures. L’avenir n’est pas rose, et les problèmes d’hier et d’aujourd’hui risquent de peser beaucoup dans l’appréhension de demain.

Le documentaire contemporain suit quelques voies tracées par des figures aussi populaires que Michael Moore et Raymond Depardon. Un des maîtres en la matière demeure Errol Morris, qui a signé de brillants ouvrages comme « The Thin Blue Line », « The Fog of War » et « Standard Operating Procedure ». Son rythme est actif sans être tape-à-l'œil, multipliant les sources d’informations (archives, télévision, Internet, etc.) et les commentaires musclés. Une avalanche de mots qui existent pour mettre à jour une thématique ou une problématique dans une démonstration implacable qui maintient constamment l’intérêt.

C’est justement dans cette perspective que se dessine ce pertinent « Collapse ». L’hommage est sincère et senti sans être maniéré ou opportuniste. Il s’exprime jusque dans les choix musicaux du tandem Didier Leplae et Joe Wong qui n’hésitent pas à s’inspirer fortement du travail de Philip Glass et de Danny Elfman. Retournant aux « faits » après sa remarquable fiction « The Pool » qui s’avérait nettement plus intéressante et poignante que le surestimé « Slumdog Millionaire », Chris Smith n’a pas pour autant renouer avec l’esthétisme de ses précédents « The Big One » et « American Movie », si ce n’est dans sa façon de donner la parole à des êtres marginalisés. Il le fait à nouveau en s’arrangeant pour meubler les temps morts, rendant cinématographique un sujet qui l’est difficilement.

La seule version de Ruppert est présentée et ce n’est pas un hasard. Le cinéaste veut confronter le spectateur, l’obligeant à analyser les dires de sa source afin de déterminer si cela a du sens ou non. Un exercice qui pourrait s’avérer périlleux si le cinéphile veut seulement se divertir (pour cela, « Avatar » est toujours à l’affiche), mais qui devient un rare oasis en ces temps obscurs où la politique, l’économie et l’environnement sont éclipsés par les désastres à Haïti, la dernière saison de « Lost » ou les déboires des Canadiens de Montréal.

Traitant intelligemment son sujet, le montrant avec nuances, trouvant même un moyen de créer une brèche dans son jardin secret pour mieux revenir aux exposés en place, Chris Smith a réussi à soutirer le maximum de son intervenant controversé, dont les discours radicaux risquent de beaucoup faire parler dans les chaumières. Selon les yeux de Michael Ruppert, l’humanité semble courir à sa perte, et ses dires, apocalyptiques, en font un des ouvrages les plus horrifiques des dernières années, en compagnie de « An Inconvenient Truth » et la prémisse de « The Age of Stupid ». Lorsque ce sont les documentaires qui font peur, il y a nécessairement anguille sous roche.

 

sur le site blog danco : Un documentaire exceptionnel : Michaël Ruppert, auteur de Franchir le Rubicon. Le déclin de l’Empire américain à la fin de l’âge pétrole, parle avec toute sa tête et son coeur de l’état du monde, de l’effondrement inévitable de cette civilisation industrielle basée sur l’unique source d’énergie : le pétrole. Titulaire d’un Master en sciences politiques, avant de faire partie des flics de Los Angeles, il « a été pulvérisé » socialement parlant pour avoir révélé un trafic de drogue au sein de la CIA. Après bien des obstacles, il a pu refaire sa vie. Sa liste de diffusion From The Wilderness (en direct de la jungle) contient des milliers d’adresses d’internautes parmi lesquels des scientifiques, des hommes politiques, des journalistes, etc. Menacé directement par les dirigeants les plus haut placés de l’administration Bush-fils, Michaël Ruppert tempère ses révoltes avant de rebondir plus déterminé que jamais. Dans ce documentaire il révèle les sombres histoires cachées au public, témoignage soutenu par l’expérience du journalisme d’investigation pendant trente ans.
À propos du centième singe dont Michaël Ruppert a fait allusion dans ce documentaire, on pourrait faire des commentaires suivants : dans cette évocation Michaël Ruppert s’est laissé entraîner par le bon sens : on n’est pas dans la société des singes mais celle des hommes avec des enjeux de pouvoir et d’intérêts, etc., qui n’existent pas chez les singes pour qui l’adoption d’une nouvelle façon de manger (laver la noix de coco avant de la manger) procède du bon sens et non d’un calcul d’intérêt. Leur société est bien plus saine que celle des humains pétrie de perversion et d’égoïsme. Dans cet exemple, il suffit que centième singe se mette à laver la noix de coco avant de manger pour que tous les autres (ils étaient, me semble-t-il, dans les 40.000 individus au total) changent leur façon de faire, et plus mystérieux encore, les singes d’ailleurs qui n’ont aucun contact avec ces singes, se mettent aussi à laver la noix de coco avant de manger. Les singes ont adopté cette méthode qui leur semblait la bonne ou la meilleure. Chez les humains les choses ne peuvent pas se passer de la même façon. Dans la situation actuelle, ce n’est pas faute de solutions (dans différents domaines : énergie, consommation, agriculture, philosophie politique, médecine, etc), les solutions existent bel et bien mais ce sont ceux qui détiennent le pouvoir, ceux qui manipulent l’argent, ceux qui concentrent des secteurs entiers dans leurs mains qui empêchent d’autres solutions plus adaptées, plus saines, moins coûteuses, moins polluantes, plus démocratiques, etc., de se réaliser. Quelques exemples précis : Big Pharma cherche à marginaliser et incriminer d’autres médecines alternatives ; les lobbies du pétrole et du nucléaire empêchent d’autres sources d’énergies d’arriver à une position dominante, quand le banquier qui a financé les recherches de Nikola Tesla s’aperçoit qu’il n’aurait rien à gagner avec de l’énergie en abondance et gratuite (puisqu’il n’y a pas de compteur, le seul élément qui compte pour le banquier) il a arrêté de le subventionner et les recherches de celui-ci sont par la suite tombées dans l’oubli ; les industries agro-alimentaires telle que Monsanto font tout pour rendre les paysans cultivateurs dépendants en leur vendant des semences transgéniques qui ne peuvent être semées qu’une fois, alors qu’avec des semences provenant de l’agriculture traditionnelle les agriculteurs sont maitres de leurs activités de A à Z et les semences sont disponibles après chaque récolte. Cela sans parler des masses de gens pour qui l’horizon s’arrête aux grilles du supermarché du coin, aux choses entendues à la télévision la veille.
Alors, le centième singe a fait basculer les choses, mais le centième homme … ?


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