courrier des lecteurs:

Yves Lecerf : son parcours et ses recherches. Quelques points de repères.
 

On me pose fréquemment des questions sur les recherches de Yves Lecerf, fondateur avec Robert Jaulin du courant radical de l'ethnométhodologie en France.

Je ne donne donc qu'une interprétation. D'ailleurs personne ne pouvait vraiment cerner sa personnalité, il était insondable et sortait volontiers des sentiers balisés. On peut dire sans peine qu'il y a autant de Y. Lecerf que de gens qui l'ont côtoyé. Je donne ici quelques points de repères pour compléter les pages suivantes :

  • Recueil de textes de Yves Lecerf et bibliographie
  • Rubrique Ethnométhodologies, Sciences Sociales et Humaines
  • Etudes transdisciplinaires
  • L'ethnologie pariseptiste et Robert Jaulin

  • en construction / correction en cours

    Mel Vadeker
    Juillet 2003

    *** domaines de recherches de Y. Lecerf années 60 ***

    Yves Lecerf, a fait une découverte importante en logique (machine de turing réversible, 1963), cela porte sur le Post-Tag problem (ou Tag problème de Post Emile Léon) et la théorie des grammaires formelles. On trouve maintenant dans la littérature specialisée des références à sa découverte dans le domaine de la thermodynamique du calcul et de la logique réversible. Ensuite il a contribué aux domaines de la linguistique et de la traduction automatique.

    Un peu d'histoire, sur l'intelligence artificielle et la linguistique des années 60.
    (chapitre 8 du livre de Paul Braffort, L'intelligence artificielle)
    http://www.paulbraffort.net/ia/pdf/IA_chap8_les_idees_et_les_hommes.pdf

    Le livre est en ligne entierement ici, édité en 1968 aux PUF
    http://www.paulbraffort.net/ia/ia.html

    Extrait d'un article de Jean-Paul Delahaye "L'ordinateur ultime", dossier Logique et calcul,
    Pour La Science, no 305, mars 2003







    *** Y. Lecerf, années 70/80 ***

    Il a travaillé essentiellement sur la linguistique et l'informatique et a prolongé sa réflexion vers l'anthropologie sociale et culturelle.

    Ce qui explique ses nombreuses contributions au développement de l'ethnométhodologie radicale en France. Les sciences du langage sont par nature à la frontière de nombreuses disciplines, et l'ethnométhodologie vue comme théorie des fondements de la connaissance, constitue un système de représentation des linguistiques qui évoluent dans le temps ou propose une théorie cognitive brillante sur le fonctionnement du langage et de la pensée. Toute pensée en action utilise le langage pour organiser respectivement à la fois les connaissances qu'elle manipule et ses changements psychologiques (ce que l'on pourrait appeler le système de représentation des connaissances).

    Domaines de recherches durant cette période : informatique linguistique, l'univers des totalitarismes et des sectes dangereuses, la prospective des religions. Dès les années 70 il a fait des recherches sur les sectes car il a été personnellement touché et sa vie de famille a été bouleversée par une secte totalitaire pseudo-cathololique.
    http://membres.lycos.fr/tussier/pseudoca.htm

    Voir son livre :

    Yves Lecerf, Les marchands de Dieu, Analyse socio-politique de l'affaire Melchior (Trois Saints Coeur), Éditions Complexe, 1975.
    Le texte qui constitue ce livre a été soutenu comme thèse par Yves Lecerf, à l'université Paris VIII, département de sociologie, le samedi 15 mars 1975 ; cette thèse a eu la mention " très honorable ". Les membres du jury étaient : Jean-Claude Passeron, Robert Jaulain, et Marc Schutzemberger. Le Directeur de la thèse et Président du Jury était Jean-Claude Passeron.


    Un extrait de la thèse La violence dans les mouvement sectaires

    "Au sujet de la secte des " Trois Saints Coeurs ", Y. Lecerf a procédé à une analyse socio-politique des plus utiles pour la compréhension des sectes de type totalitaire. La multinationale Pianto, créée par cette secte est qualifiée par l’auteur " d’entité économico-théocratique " qui revendique pour elle-même la totalité des prérogatives et des pouvoirs d’un état ."
    Le gouvernement théocratique absolu, nous dit Y. Lecerf, est détenteur d’une autorité s’étendant totalement sur toutes les actions de ses ressortissants et les sanctionnant par des peines de damnation éternelle."
    Il a formé des chercheurs dans des domaines qui peuvent apparaître comme incompatibles ( logique , informatique , ethnologie, épistémologie, anthropologie et science des religions). Mais il faisait en sorte de trouver une unité épistémologique par les liens entre l'anthropologie, la logique et le calcul qui prolongent l'étude de ce que l'on nomme le savoir de "sens commun". Cela donne un éclairage nouveau sur le fondement des connaissances, le fonctionnement des systèmes de croyances et rejoint certains objectifs de l'intelligence artificielle.

    Il suffit de retrouver les thèses qu'il a dirigées ou celles qu'il a aidé à réaliser. En effet certains départements d'universités bien connues, ont refusé sa participation à la direction de certaines thèses ou une participation au jury.Il a donc aidé indirectement certains chercheurs. C'était souvent lié à une querelle des savoirs et à la dénonciation du fonctionnement dogmatique de certaines disciplines.

    Extrait de la page prospective des religions (site 2100.org)
    http://2100.org/text_religions.html

    "Pour faire la démonstration de la vulnérabilité humaine à la prophétie, Yves Lecerf, au département d'ethnologie de l'université Paris VII, a construit dans les années 80, un "prophète automatique" : Prenant comme base le discours du gourou de la secte dite des "enfants de Dieu", il a sélectionné une centaine de phrases les plus significatives. Puis il a mis au point un logiciel simple, tel que l'ordinateur réponde au moyen d'une de ces phrases aux questions qui lui sont posées. Ce logiciel effectue seulement une comparaison des mots. Il choisit la réponse type présentant un vocabulaire commun avec la question. S'il n'y en a pas, il demande de préciser. Au delà d'une cinquantaine de phrases en mémoire, la machine donne l'illusion d'un dialogue. Avec une centaine seulement, on peut obtenir un effet d'endoctrinement. D'autres expériences comparables ont été menées. Un psychanalyste automatique a été programmé, selon un principe voisin. Mais ces expériences, malgré leur intérêt, ne font pas l'objet d'une bien grande publicité. Elles sont peut être trop gênantes..."


    Extrait de la page l'avenir de l'esprit (site 2100.org)
    http://2100.org/text_esprit.html

    "Ce n'est d'ailleurs pas si difficile. Connaissez-vous cette expérience qu'avait menée Yves Lecerf dans son labo de Paris VII ? Il avait pris en note les principales assertions du fondateur de la secte des "Enfants de Dieu", secte particulièrement redoutable, qui exigeait de ses membres une "prostitution sacrée" dont le produit, si je puis ainsi m'exprimer, alimentaient les caisses de l'organisation. Ayant repéré les phrases type les plus fréquentes, Yves Lecerf construisit un logiciel, fondé sur le principe suivant : le sujet, devant son terminal, pose une question. Le logiciel compare cette question aux phrases type en mémoire. Il répond avec la phrase qui a le plus de mots en commun avec la question. S'il n'y en a pas, il demande de préciser. Au-delà de 50 phrases type en mémoire, on a l'impression d'un échange. Avec plus de 100, l'illusion est complète. La formation de base : cent phrases ! en un mois, on peut fabriquer un fondateur de secte ou un chef de parti unique."


    Citation d'un ancien chargé de cours du DESS ethnométhodologie et informatique, Charlie Nestel qui donna des cours en anthropologie du cyberespace  :

    "Robert Jaulin qui était tout comme Yves Lecerf -fondateur du courant radical de l'ethnométhodologie française- mathématicien de formation, n'a toute sa vie avec Lecerf cessé de démontrer le mauvais usage qui était fait des mathématiques dans les sciences dites sociales pour valider par un argument d'autorité les prétendues sciences de l'Homme."

    Et un autre point de vue sur l'induction, par Charlie Nestel :
    Qu'est-ce qu'une idéologie ? Le raisonnement par induction poussé à l'extrême. Le raisonnement par induction est - disait Yves Lecerf - un mode d'inférence extrêmement incertain et dangereux qui passe du particulier au général et qui vise à appuyer, sur l'observation de certains cas dont on a eu l'expérience, des conclusions concernant des cas dont on n'a pas eu l'expérience. Les mathématiques s'appuient sur des logiques formelles opératoires. On ne peut pas en dire autant de la sociologie en quete d'un statut épistomologique. Ma critique de l'entreprise sociologique -surtout de la sociologie quantitative française- . Ma suspicion est tout simplement basée sur la critique de la logique par induction qui prévaut en sociologie.

    De 1983 où il à (re)découvert l'ethnométhodologie à 1985 où il a initié le projet intellectuel de l'ethnométhodologie radicale
    Il n'a cessé de s'investir de par ses publications et son enseignement dans la diffusion de la philosophie sous-jacente à l'ethnométhodologie : le rationalisme local.

    - Yves Lecerf et E. Parker : L'Affaire Tchernobyl - La guerre des rumeurs, Paris, Puf, 1987
    Dans son étude sur l'écart entre rumeur et réalité, du savoir social négocié localement par les procédures des membres de la société afin de décrire le fonctionnement de la rumeur, son caractère opératoire au niveau local et son caractère factice au niveau global. Il explique page 348 :

    "Face à cette evolution étrange d'un propos sociologique, qui semble proche de s'anéantir lui-même en anéantissant les distinctions du vrai et du faux, l'ethnométhodologie garfinkélienne opère un retournement dialectique qui d'un seul coup rétablit tout. En effet, loin de combattre le relativisme, l'ethnométhodologie pousse les choses à l'extrême dans son sens. Point de vérité universelle, point de distinction universelle entre le vrai et le faux, point de fondement possible pour une quelconque prétention d'objectivité en sociologie ou dans les sciences sociales. Mais en même temps l'ethnométhodologie tire derrière elle un substitut de la distinction entre le vrai et le faux, substitut qui est fourni par la notion de logique locale (...) Or ces logiques locales rétablissent localement tout : le vrai, le faux, le savoir, l'erreur, et la notion de distorsion entre réalité et rumeurs"


    - Yves Lecerf et E. Parker : "Les didactures d'intelligentsias, l'effet "effendia",  préface Alain Peyrefitte, PUF, 1987. Yves Lecerf écrivait dans ce livre :

    "L'Effendi, c'est rappelons-le, originellement, en turc, le lettré, l'homme instruit, celui qui possède le savoir ; bien différent du fellah. L'Effendia c'est la classe des Effendis. Une Effendia diffère d'une Intelligentsia en ce qu'une Intelligentsia se compose d'un groupe d'individus non organisés bureaucratiquement ; tandis qu'une Effendia est une bureaucratie d' "intelligents" ayant à la fois les caractérstiques d'une bureaucratie à la Crozier et celles d'un groupe d'individus bien informés, cultivés, brillants, etc... ".
    L'intégralité de la quatrième de couverture :
    "Faut-il prévoir pour les universités françaises une capacité de 2 millions d'étudiants en l'an 2000 ? OUI si c'est pour former 2 millions de personnes techniquement et scientifiquement productives, rapidement capables d'innover, d'entreprendre et de créer des emplois. Non s'il doit s'agir de 2 millions de futurs bureaucrates oisifs, prébendiers, rapaces et revendicatifs pour lesquels la nation se sera crue obligée d'inventer des emplois fictifs, selon un schéma dont bien des pays du tiers-monde fournissent désormais de saisissants modèles.
    Des progrès de l'éducation on attendait toujours plus de richesses, de démocratie et de bien-être.
    Or dans de nombreux pays, le résultat est inverse : montée des totalitarismes, montée de la misère et du chaos. Des bureaucraties d' "intelligentsias" ou - "Effendias" - complotent, détournent les pouvoirs des états, sont irréalistes et violentes, se comportent en "pirates" sociaux (l' "Effendi", c'est l'éduqué, le léttré, celui qui sait, par rapport au "fellah"). Les nations et surtout les démocraties, sont prises complètement au dépourvu par ces extrémismes de gaspillage et de pillage dont les auteurs sont issus de leurs propres universités - c'est l' "effet Effendia"-.
    Pour expliquer ce phénomène, les auteurs font appel aux thèses du courant ethnométhodologique garfinkelien américain. Ils fournissent notamment l'esquisse d'un nouveau "nouveau matérialisme", faisant intervenir la notion de "logiciel sociaux" par opposition à celle de "faits sociaux". Ils proposent de nouvelles stratégies d'éducation.

    Yves Lecerf, professeur à l'Université de Paris VIII, dirige à l'université VII un laboratoire d'ethnométhodologie.
    Edouard Parker dirige un institut d'analyses prospectives internationales et de conseil aux entreprises"

    *** Yves Lecerf années 90 jusqu'a sa mort en 95 ***

    Il n'a pas beaucoup publié, c'était avant tout un pédagogue de terrain, il a formé beaucoup de chercheurs, en
    tant que logicien il connaissait bien les bouleversements épistémologiques qu'induisaient les recherches ethnométhodologiques sur le fondements des mathématiques. D'où son intérêt à faire se rapprocher les trois domaines que sont l'ethnométhodologie issue de la phénoménologie sociale, la logique mathématique (philosophie mathématique) et l'épistémologie (une anthropologie sociale et culturelle unitaire sur les fondements des connaissances). Les idées sont en effet nombreuses en ethnométhodologie et les applications riches en terme de régulation et de correction des effets totalitaires et manipulatoires des outils technologiques ; en terme de critique des savoirs acquis par des outils facilitant la manipulation ou l'acquisition des savoirs ; en terme de réflexions sur les rapports pervers qu'entretiennent les hommes avec des outils d'aides à la décision ou la technologie dans sa globalité.

    Yves Lecerf  était avant tout impliqué dans les problèmes éthiques et de dénonciation des injustices. L'ethnométhodologie constitua pour lui un projet intellectuel lui donnant l'occasion de construire cette théorie non totalitaire de la connaissance, le rationalisme local. (i.e. un projet théorique et une morale d'action accessible pour tous et acceptable par tous)

    Quelques Liens, liste non exhaustive :
    Logical reversibility - References - IBM
    http://www.research.ibm.com/journal/rd/456/zuliaref.html

    Sciences et techniques / atomistique et automatique. Le site de Paul Braffort
    http://www.paulbraffort.net/science_et_tech/atomistique_et_automatique/calc_analog_et_auto/mont_analogue.html

    Des simulacres rationnels locaux, article de Jean-Marc Lepers
    http://www.mindorg.com/hypertext/rationalite.htm

    Les industries de la langue : un domaine à la recherche de lui-même
    http://www.cslf.gouv.qc.ca/Publications/PubC166/C166ch1.html

    Pour une histoire de l'organisation des connaissances en France du point de vue des sciences de l'information :
    http://ri3.iut2.upmf-grenoble.fr/Chrono.htm

    An anthropology of the purity
    http://www.faculte-anthropologie.fr/minorites/jh_etranger_resum.html

    Principes méthodologiques en linguistique comparée
    http://www.faculte-anthropologie.fr/Linguistique/jh_method_ling_resum.htm


    ***  ethnométhodologie et l'axiomatique des fondements des connaissances ***
    Sujet : ethnométhodologie mathematique et théorème de Godel

    les 2 livres de Jean-Yves Girard :
    E. Nagel / J. R. Newman, Kurt Gödel / Jean-Yves Girard. Le théorème de Gödel, Paris, Seuil, 1989
    et
    Alan turing, Jean-Yves Girard. La machine de Turing. Paris, Seuil, 1995

    Je les ai mis en référence dans ma page bibliographique de mon site. J'ai lu ces livres  il y a longtemps et à l'époque j'avais eu des idées sur les fondements ethnométhodologiques des mathématiques, et cela sans que je sois un mathématicien. Ce fut une pure intuition sur l'axiomatique des fondements des connaissances. J'ai vu ensuite que d'autres auteurs dans la mouvance ethnométhodologique américaine avait écrit la dessus. Je ne sais toujours pas si ma vision concorde ou reste en avance. La dessus j'avais une image intuitive du fonctionnement d'une mathématique unitaire pouvant se répliquer sur elle même ses propres axiomes. Dans cette recherche sur cette axiomatique des fondements de la connaissance, l'ethnométhodologie peut facilement se considérer de par ses capacités, à être sa propre métathéorie et à se reformuler dans le langage de sens commun de celui qui l'utilise, un moyen de constituer ce projet scientifique.

    L'ethnométhodologie peut-elle se constituer en tant que mathématique non standard ? C'etait d'ailleurs un des centres d'interêt de Yves Lecerf qui avait eu lui aussi cette vision. Citation de Yves Lecerf :
    http://perso.club-internet.fr/vadeker/corpus/etude.htm

    "3) L'ethnomethodologie, etudiant des "logiques locales" de microgroupes humains, et dans la mesure precisement ou il existe chaque fois une sorte de coherence interne dans ces logiques :
    - pourrait être tôt ou tard sans doute appelée à être considerée comme une "branche étrange" non encore réellement formalisée de la logique ;
    - une évolution de rapprochement étant en train de s'amorcer depuis plus d'une decennie dans ces branches appliquées de la logique que sont l'informatique et l'intelligence artificielle (branches ou la question de la simulation du raisonnement de sens commun est devenue un sujet de recherche de haut niveau) ;
    - évolution de rapprochement que l'ethnométhodologie a favorisé aussi de son coté en mettant l'accent sur les aspects inductifs (i.e. issus de raisonnements par induction, produisant des raisonnements par induction) des logiques locales qu'elle étudie."
    Autres liens sur l'ethnométhodologie des mathématiques:
    Thèse de P.Loubière : http://perso.club-internet.fr/vadeker/corpus/loubiere/5-5.html
    Reality and Human Values in Mathematics : http://citeseer.nj.nec.com/532186.html
    Logic, set theory & fondations of mathematics : http://www.parki.co.uk/s511u.htm

    Voir aussi l'etude de Livingston sur l'histoire des ethnométhodes mathematiques mise en oeuvre pour la creation
    du théoreme de Godel. "Livingston , Eric  The Ethnomethodological Foundations Of Mathematics, 1986"
    sur la page :  http://www.parki.co.uk/s511u.htm

    Livingston, Eric: The Ethnomethodological Foundations Of Mathematics,
    [Extra Information And/Or Sample Text.] *** "Eric Livingston's ethnomethodological study   formulates and seeks to solve the problem of the foundations of mathematics as a problem in the local production of social order. It analyzes the genetic origins of mathematical rigor, examining the proofs of ordinary mathematics and investigating how the adequacy of such proofs for the purposes of everyday mathematical inquiry is obtained in practical terms. Using a new approach which differs from traditional philosophy of mathematics, theory of social action, and historical and cultural analysis, the book proceeds by rediscovering and exhibiting the naturally accountable  mathematical proof as a social achievement. The heart of the book is a detailed descriptive analysis of the work of proving an established mathematical result - Goedel's First Incompleteness Theorem. Through this analysis, the book demonstrates that the rigor of mathematical proof is essentially tied to the irremediably local, proof-specific. work-site practices of mathematical theorem proving. The foundations problem is shown to be a practical problem endlessly encountered and solved by mathematicians in and as their daily mathematical work. In the course of its theoretical argument, the book teaches Goedel's Incompleteness Theorem by describing the actual work of its proof. Apart from the book's ethnomethodological interest, it will also be an essential companion text for advanced courses on mathematical logic and the philosophy of mathematics." ***